« Je cherche comme toujours ce quelque chose d’inachevé pourtant achevé. La ligne et le chaos. Le structuré et le destructuré ». Ces quelques mots du chorégraphe Claude Brumachon, lors de la création des Carmina burana avec le Ballet du Grand Théâtre de Genève, rappellent une dimension parfois méconnue de cette œuvre devenue classique : celle d’une puissance presque païenne, marquée par le jeu, la luxure, la débauche. Les 24 poèmes médiévaux en latin, en vieux français ou en moyen-haut allemand que Carl Orff a mis en musique évoquent en effet certains tableaux de Jérôme Bosch. Une esthétiquer estituée sur scène, dans une version étonnante de cette pièce créée en 1937, et qui laissa la critique de l’époque partagée entre l’indignation et l’approbation.L’étonnement se poursuit côté musique. Deux pianos, solistes, chœurs et percussions : l’intimité dela formation souligne l’intensité de l’œuvre. Le jeune chef estonien Mihhail Gerts dirige l’ensemble, après s’être illustré dans plusieurs œuvres lyriques, et notamment la recréation de Dante, de Godard, à Saint-Étienne en 2019. Un talent à la mesure de l’ampleur de l’œuvre et de la chorégraphie, pour une immersion dans cette œuvre singulière et désormais universelle.